Sur les trottoirs et dans les allées des parcs, de la Communauté
Urbaine de Strasbourg (CUS), la présence d’herbe ne devra bientôt plus
être prise comme le signe d’un laisser-aller des personnes en charge de
l’entretien. Cela sera au contraire le signe positif d’une évolution
sensible d’une gestion différente de l’espace public, où de nouvelles
méthodes de désherbage vont être appliquées. En effet, la CUS vient de
se fixer comme objectif de stopper le recours à tout pesticide lié à
cet usage, d’ici la fin 2010, dans le but de préserver la nappe phréatique, la santé des administrés et la biodiversité.
Pour cela, les services concernés sont en train de se livrer à une
véritable révolution culturelle et testent d’ores et déjà plusieurs
techniques alternatives comme le balayage et brossage mécaniques, le
désherbage thermique à flamme, des appareils à vapeur ou à eau chaude,
etc. Parallèlement, des techniques pour prévenir 'les mauvaises herbes'
sont mises en œuvre avec des plantes plus couvrantes, du paillage, des
espaces du type 'pelouses fleuries', etc. Au final, le riverain de
l’espace public de la CUS devrait voir une différence sensible.
L’approche va être différenciée pour s’adapter à chaque spécificité.
Par exemple, un désherbage manuel et régulier sera de mise pour les
massifs de fleurs et autres zones florales pour des raisons
esthétiques, tandis qu’au pied des arbres urbains de la végétation
devrait faire son apparition. De même, un arbre mort ne sera pas
systématiquement retiré, de façon à favoriser la micro-faune et les
bénéfices qui vont avec…
Cette campagne 'Zéro pesticides' n’oublie pas les habitants. Dans
le but de les convaincre du bien-fondé de la démarche et de faciliter
leur transition vers des pratiques alternatives, l’argumentaire se veut
sans concession : 'Seuls 10 % des produits phytosanitaires atteignent
leur cible. Le reste est disséminé dans l’environnement.' et d’ajouter
'Savez-vous qu’une seule goutte de pesticides suffit à polluer
plusieurs centaines de milliers de litres d’eau ?' Au-delà du verbe,
moult conseils sont également avancés en allant de la mise en place
d’abris pour les insectes à la plantation de haies fleuries.
Paillage : il limite fortement le développement des herbes folles
et l’évaporation de l’eau. Vous pouvez utiliser des résidus de tonte
séché, des copeaux de bois, de la paille… Pour le désherbage, l’huile
de coude est proposée, que cela soit manuellement ou en ébouillantant
les plantes vivaces installées depuis longtemps. Au niveau de la
sacro-sainte pelouse, la révolution n’est pas loin. La hauteur de tonte
préconisée s’établit à 6 ou 8 cm, une taille qui favorise un meilleur
enracinement et résistance à la sécheresse. Enfin, les pâquerettes,
coquelicots, pissenlits, orties, bourrache, camomille et autres trèfle
ne font plus parties des non-grata, pour le plus grand bénéfice de
nombreux insectes, à commencer par les abeilles, et l’agrément de plats
cuisinés.
Néanmoins, même si la CUS n’hésite pas à promouvoir le purin d’ortie et sa recette, mis au banc des accusés il n’y a pourtant pas si longtemps,
visiblement les agriculteurs utilisateurs de pesticides peuvent encore
dormir sur leurs deux oreilles, rien n'étant prévu en leur direction...